Depuis un demi-siècle, l’aquaculture mondiale connait un essor sans précédent. Poissons, mollusques, algues et crustacés sont produits en grandes quantités grâce à des techniques d’élevage très diversifiées qui vont de l’élevage extensif sans apport de nourriture à l’élevage intensif incluant le recyclage et le traitement de l’eau.
En ce qui concerne l’aquaculture de poissons (la pisciculture), il faut savoir qu’elle est principalement pratiquée en eau douce (64% de la production piscicole mondiale en 2016) et que les principales espèces élevées (carpes, tilapias, silures…) sont essentiellement herbivores. La pisciculture marine, beaucoup plus récente, représente aujourd’hui 36 % de la production piscicole mondiale (source FAO 2018). Une espèce, la sériole, a longtemps assuré la quasi-totalité de la production aquacole marine jusqu’à ce que l’on commence, dans les années 1980, à maîtriser la reproduction et les premières étapes du cycle biologique d’espèces comme le saumon, le bar, la daurade, le turbot ou encore l’esturgeon.
L’aquaculture, c’est aussi l’élevage ou la culture d’huîtres ou de moules (conchyliculture). Elle est remarquablement intelligente puisqu’elle utilise la production naturelle d’algues microscopiques pour nourrir et faire grossir des coquillages.
L’élevage de poissons tels que la carpe à partir d’algues ou d’autres végétaux est également une solution durable si les conditions environnementales et sanitaires sont bien contrôlées.
Les espèces marines élevées consomment principalement d’autres poissons, leur caractère carnivore peut avoir une influence négative sur les ressources halieutiques. Ces espèces ont besoin de protéines dans leur alimentation. Celles-ci leur sont apportées, en partie, par la farine et les huiles de poissons fournies par la pêche minotière. Actuellement, il faut, selon l’espèce, en moyenne entre 0,5 et 4 kg de poissons sauvages pour produire 1 kg de poisson d’élevage. Plus de 15 millions de tonnes de sardines, d’anchois et autres petits pélagiques sauvages sont transformés en farine et en huile pour élaborer les granulés qui servent de nourriture aux poissons marins d’élevage (source FAO 2018). La pression sur ces poissons pélagiques est très forte et on peut s’inquiéter de la durabilité de ces stocks et du risque de déséquilibre des écosystèmes. C’est un problème majeur compte tenu du fait que les quantités disponibles de poissons sauvages sont limitées. Par conséquent, une utilisation intelligente des ressources en protéines animales est nécessaire : farines de poissons fabriquées à partir de stocks gérés strictement sous quotas, utilisation de co-produits (chutes de filetage des poissons destinés à la consommation humaine), valorisation des rejets de la pêche dans les formules d’aliments piscicoles. Tous ces produits animaux peuvent être très bien valorisés par l’aquaculture. Par ailleurs, le recours aux protéines végétales et aux protéines d’insectes est une piste sérieuse pour l’avenir.
Selon l’IFREMER, la pisciculture marine concerne actuellement principalement les espèces à haute valeur commerciale et pour certaines espèces, l’élevage a déjà quasiment remplacé la pêche (9 saumons consommés sur 10 et 1 bar produit sur 2 sont des poissons d’élevage).