Mr.Goodfish répond à vos questions


LA PÊCHE

Non et les chiffres sont sans appel. Selon la FAO (SOFIA- 2022), au niveau mondial, 57,3 % des stocks (1)  de poissons commerciaux évalués en 2019 sont pleinement exploités ce qui exclut toute intensification, 35,5 % sont surexploités. Seuls 7,2 % des stocks sont aujourd’hui considérés comme « sous exploités ».

(1) Un stock est une population de poissons (ou partie de population) localisée dans une zone géographique déterminée, n’entretenant aucun ou peu d’échange avec le stocks voisins (P. Cury – IRD), et qui peut donc être gérée séparément. Les frontières ou limites d’un stock sont définies par une convention.

Parce que le développement de la pêche s’est fait sans limite, avec la croyance que la mer était inépuisable. Contrairement aux termes souvent employés, la pêche n’est pas une production. C’est un « prélèvement » dépendant d’une ressource naturelle et d’un territoire. C’est parce que nous avons malheureusement ignoré ces évidences fondamentales que l’état général actuel des ressources de pêche dans le monde est préoccupant. En 50 ans les techniques de pêche ont considérablement évolué. Les bateaux sont plus puissants et les techniques de repérage sont de plus en plus performantes. Pour un poisson, il est devenu presque impossible d’échapper à la pêche moderne.

Lorsque les stocks halieutiques font l’objet d’un suivi précautionneux des scientifiques et sont gérés de façon durable nous observons des effets bénéfiques, c’est ce que l’on observe pour certains stocks européens.

De plus des problématiques modernes comme la pollution et les émissions de gaz à effet de serre responsables de l’acidification des océans et du réchauffement climatique contribuent à un bouleversement de la biodiversité des océans.

En résumé : la ressource halieutique est un capital qui produit chaque année des intérêts. L’enjeu est de protéger ce capital, de le reconstruire quand nécessaire pour pouvoir pêcher de façon durable en ne prélevant, à terme, plus que les intérêts.

La disparition totale d’une espèce de poisson telle que le cabillaud ou le thon rouge est possible mais très peu probable. Il restera toujours quelques milliers d’individus qui devraient arriver à maintenir l’espèce. Mais le conditionnel est de rigueur parce qu’une chose est sûre, c’est que des stocks gigantesques peuvent s’effondrer brutalement sous les coups de boutoir de la surexploitation. C’est ce qui s’est produit sur le thon rouge dit de Méditerranée (Thunnus thynnus) ces dernières années et c’est ce qui s’est produit sur le cabillaud (morue) sur les Grands Bancs de Terre Neuve.

En 1970, la pêche au Cabillaud sur les Grands Bancs de Terre-Neuve représentait jusqu’à 800 000 tonnes de poisson. Pendant plus d’un siècle avec un démarrage dans les « terre-neuvas », la morue fût l’espèce emblématique pour de nombreux pêcheurs. A partir des années 1990, cette ressource a connu un effondrement brutal des stocks sans précédent. Un moratoire fut instauré en 1992 afin d’interdire toute pêche tant que le stock ne montrerait pas de sérieux signes de restauration. Cette mesure a mis des dizaines de milliers de personnes au chômage. Aujourd’hui, en 2018, malgré quelques années de minces améliorations, les stocks de morues restent très fragiles dans ces zones. La conclusion des études de 2018 ont montré un léger déclin malgré des TAC contrôlés et limités. L’hypothèse de cette tendance de 2018 reste une fluctuation due à la mortalité naturelle. Stock à suivre… Pire encore, d’autres espèces, d’un intérêt économique quasi nul, auraient pris la place de la morue dans cette zone. Ce cas tristement « célèbre » sert aujourd’hui d’exemple à ne pas suivre en matière de gestion des pêches, mais force est de constater que, malgré cette expérience désastreuse,  nous ne sommes pas à l’abri de l’effondrement de certains stocks majeurs.

Le thon rouge de Méditerranée a connu une période difficile, avec une chute de la population constituant le stock au début des années 2000. Cette ressource surexploitée, a connu un effondrement de son stock en raison de la surpêche. Pendant plusieurs années, de nombreuses mesures ont été mises en place ou renforcées : comme l’instauration d’une taille minimale de capture, d’un calendrier de saison de pêche, d’autorisations de pêche…, afin d’encadrer la pêcherie professionnelle et de loisir. Pour les pêcheurs de Méditerranée et de la côte Atlantique, cette espèce était essentielle. L’économie autour de cette pêcherie a donc été très fortement impactée, beaucoup de bateaux de pêche ont été vendus, détruits ou adaptés pour cibler d’autres espèces. Depuis 2012, les données scientifiques montrent une amélioration constante. Les derniers avis de l’ICCAT- International Commission for the Conservation of Atlantic Tunas, sortis en 2018, démontrent que le stock s’est reconstitué à un niveau écologiquement durable grâce à des mesures de gestion adaptées. A partir de l’été 2018, Mr.Goodfish s’est donc positionné en ajoutant cette espèce à ses listes.

Des épisodes de « surpêche » sont recensés depuis des siècles. Longtemps ceux-ci sont restés très localisé autour de zones où les gens vivaient de la pêche. Avec le développement des flottes et des techniques de conservation permettant de partir plus loin et plus longtemps, l’exploitation s’est petit à petit étendue puis « mondialisée » et ce d’autant plus vite qu’il fallait répondre à une demande toujours plus importante. Entre 1950 et les années 80, la production mondiale issue de la pêche est passée de 40 millions de tonnes à environ 80 millions de tonnes de poissons. Depuis, cette « production » plafonne, en 2016 les captures issues de la pêche totalisent 90,9 millions de tonnes (FAO 2018). Mais entretemps, de 1950 à aujourd’hui, la population mondiale est passée de 2.5 milliards d’individus à près de 7,5 milliards. Les experts estiment la population à 9,7 milliards d’individus d’ici 2050 mais la nature, elle, ne peut fournir que ce qu’elle produit, pas plus.

L’halieutique est la science de la pêche, les halieutes en sont les spécialistes et ce sont eux qui, à travers de nombreuses mesures et observations, suivent l’état de santé de populations de poissons exploitées que l’on appelle des « stocks ». La diminution de la taille moyenne des poissons pêchés est un indice de surexploitation. La raréfaction de la ressource, autrement dit la diminution des quantités pêchées est un autre indice de surexploitation. Ce sont des indices, pas des preuves et c’est sur la base d’observations et de mesures sans cesse renouvelées et vérifiées que l’on peut conclure à la surexploitation d’un stock. Ces observations sont réalisées lors de campagnes scientifiques sur des navires océanographiques mais aussi sur des bateaux de pêche professionnelle.

La science se heurte néanmoins à de nombreux obstacles. On observe un manque de connaissances générales sur le milieu marin et un manque de moyens alloués aux équipes de recherche pour étudier ce milieu particulièrement difficile. Il est toujours plus facile d’évaluer la ressource quand il est possible d’avoir une vision globale du stock, telle un troupeau de vaches dans son champ. La science ne permet pas actuellement d’avoir cette représentation globale des océans, il reste toujours des zones inconnues et donc des données qui nous échappent.

Selon l’espèce, le suivi scientifique est plus ou moins facile à mettre en place. En effet selon la biologie de l’espèce, son mode de vie (benthique, pélagique…), son habitat (côte/large, en profondeur/à la surface…), il devient plus difficile d’avoir accès à des données sur l’état global de cette ressource.

Le problème c’est que les stocks sont exploités depuis longtemps et que les mesures prises le sont le plus souvent à postériori, c’est à dire une fois que l’état de santé du stock devient préoccupant.

Sur certains stocks (notamment de l’Atlantique Nord-Est, de la Mer du Nord, de la Baltique) ou sur certaines espèces, un Total Admissible de Capture (TAC) est défini. Il représente le prélèvement maximum autorisé par l’Union européenne pour un stock sur une zone donnée. A partir de là, des quotas sont déterminés, il s’agit des quantités de poissons pouvant être pêchés par pays, par pêcherie ou par bateau éventuellement. Dans des zones telles que la Mer Méditerranée ou la Mer Noire, la pêche est gérée en limitant l’effort de pêche sur la ressource.

D’autres mesures sont prises comme la taille minimale de capture qui est normalement calculée en fonction de la taille de maturité sexuelle. Le principe recherché étant de permettre à tout poisson pêché de s’être reproduit au moins une fois. Malheureusement, tout comme pour les quotas, il faut distinguer les tailles minimales dites « biologiques » qui répondent au critère précédemment énoncé et les tailles dites « politiques » qui ne prennent pas ou peu en compte l’avis scientifique pour satisfaire des intérêts économiques à court terme.

Néanmoins, il faut noter que de plus en plus de pêcheurs s’appliquent des règles de plus en plus contraignantes (des tailles de capture supérieures aux tailles réglementaires par ex, saisons de pêche…) pour préserver la ressource et à court, moyen et long terme leur activité. La bonne valorisation permet aussi une meilleure gestion de la ressource : pêcher moins mais pêcher mieux. Le produit est mieux conservé à bord, la qualité du poisson est meilleure et son prix de vente augmente.

Malgré les difficultés auxquelles se heurtent les pêches de capture marines mondiales, des mesures de gestion efficaces mises en œuvre dans certaines régions ont permis de réels progrès dans la réduction des pressions de pêche sur des stocks surexploités en permettant de les reconstituer ainsi que le rétablissement des écosystèmes marins. Dans l’Union Européenne (UE), jusqu’à 70% des stocks évalués enregistraient soit une baisse de leur effort de pêche, soit une augmentation de leur abondance dans l’Atlantique Nord-Est (SOFIA 2016).

Oui, sans doute. Mais la question est de savoir quels poissons, quelles quantités et de quelle taille. Si nous continuons à surpêcher, les individus n’auront plus le temps de se reproduire. C’est ce qui peut expliquer l’effondrement de certains stocks actuellement. Mais le réel danger vient sans doute de la modification des équilibres naturels qui sont induits par la surpêche. La disparition des « grands poissons » laisse la place à d’autres espèces qui deviennent les prédateurs à leur tour. La proie d’autrefois est devenue prédateur des larves et des juvéniles de l’espèce qui la mangeait hier. La base de la population est cisaillée par ce nouveau prédateur, souvent de bien plus petite taille, qui ne présente parfois aucun intérêt économique.

Aujourd’hui, de plus en plus de scientifiques soulignent le besoin de prendre en compte l’ensemble de la chaine alimentaire et plus encore l’écosystème entier d’une espèce, pour émettre des avis sur l’état du stock.

L’intérêt nutritionnel du krill est très discutable mais ce n’est pas le fond du problème. Exploiter le krill, c’est exploiter la base de le réseau trophique dans les océans et c’est donc mettre en péril tous les écosystèmes marins qui en dépendent, pas seulement les baleines, mais aussi les petits poissons, qui sont mangés par les plus gros ou par les oiseaux, les mammifères marins et les hommes bien entendu. Les projets d’exploitation du krill font donc peser une menace importante sur les grands équilibres de la vie dans les océans et sur notre propre alimentation à terme.

L’AQUACULTURE

Depuis un demi-siècle, l’aquaculture mondiale connait un essor sans précédent. Poissons, mollusques, algues et crustacés sont produits en grandes quantités grâce à des techniques d’élevage très diversifiées qui vont de l’élevage extensif sans apport de nourriture à l’élevage intensif incluant le recyclage et le traitement de l’eau.

En ce qui concerne l’aquaculture de poissons (la pisciculture), il faut savoir qu’elle est principalement pratiquée en eau douce (64% de la production piscicole mondiale en 2016) et que les principales espèces élevées (carpes, tilapias, silures…) sont essentiellement herbivores. La pisciculture marine, beaucoup plus récente, représente aujourd’hui 36 % de la production piscicole mondiale (source FAO 2018). Une espèce, la sériole, a longtemps assuré la quasi-totalité de la production aquacole marine jusqu’à ce que l’on commence, dans les années 1980, à maîtriser la reproduction et les premières étapes du cycle biologique d’espèces comme le saumon, le bar, la daurade, le turbot ou encore l’esturgeon.

L’aquaculture, c’est aussi l’élevage ou la culture d’huîtres ou de moules (conchyliculture). Elle est remarquablement intelligente puisqu’elle utilise la production naturelle d’algues microscopiques pour nourrir et faire grossir des coquillages.

L’élevage de poissons tels que la carpe à partir d’algues ou d’autres végétaux est également une solution durable si les conditions environnementales et sanitaires sont bien contrôlées.

Les espèces marines élevées consomment principalement d’autres poissons, leur caractère carnivore peut avoir une influence négative sur les ressources halieutiques. Ces espèces ont besoin de protéines dans leur alimentation. Celles-ci leur sont apportées, en partie, par la farine et les huiles de poissons fournies par la pêche minotière. Actuellement, il faut, selon l’espèce, en moyenne entre 0,5 et 4 kg de poissons sauvages pour produire 1 kg de poisson d’élevage. Plus de 15 millions de tonnes de sardines, d’anchois et autres petits pélagiques sauvages sont transformés en farine et en huile pour élaborer les granulés qui servent de nourriture aux poissons marins d’élevage (source FAO 2018). La pression sur ces poissons pélagiques est très forte et on peut s’inquiéter de la durabilité de ces stocks et du risque de déséquilibre des écosystèmes. C’est un problème majeur compte tenu du fait que les quantités disponibles de poissons sauvages sont limitées. Par conséquent, une utilisation intelligente des ressources en protéines animales est nécessaire : farines de poissons fabriquées à partir de stocks gérés strictement sous quotas, utilisation de co-produits (chutes de filetage des poissons destinés à la consommation humaine), valorisation des rejets de la pêche dans les formules d’aliments piscicoles. Tous ces produits animaux peuvent être très bien valorisés par l’aquaculture. Par ailleurs, le recours aux protéines végétales et aux protéines d’insectes est une piste sérieuse pour l’avenir.

Selon l’IFREMER, la pisciculture marine concerne actuellement principalement les espèces à haute valeur commerciale et pour certaines espèces, l’élevage a déjà quasiment remplacé la pêche (9 saumons consommés sur 10 et 1 bar produit sur 2 sont des poissons d’élevage).

Oui un poisson sauvage mange au moins autant qu’un poisson d’élevage et même probablement plus parce qu’il faut qu’il chasse, et donc qu’il dépense de l’énergie pour attraper ses proies.

Mais la grande différence que l’élevage introduit est qu’il permet à des milliards de poissons de vivre alors qu’ils n’auraient jamais survécu dans la nature. Ce sont donc des milliards de bouches supplémentaires qu’il faut alimenter et qui viennent en surplus, en sur-demande en quelque sorte par rapport à ce que la nature peut fournir. Il ne faut pas oublier que les poissons pondent des dizaines de milliers, souvent des centaines de milliers, parfois des millions d’œufs par cycle de reproduction. La plupart de ces œufs ne seront même jamais fécondés et sur ceux qui le seront, quelques-uns seulement 4, 5, 6 ou 10 arriveront à l’âge adulte. La recherche permet aujourd’hui à presque 100% des œufs d’être fécondés et à un pourcentage très élevé de jeunes alevins d’arriver à taille adulte. Il faut alors nourrir tous ces poissons qui n’auraient pas survécu en milieu naturel et c’est là que le problème se pose.

Les poissons sauvages, qui servent de nourriture aux élevages (également appelés poissons fourrage), sont à la base de la chaine alimentaire dans les océans. Ce sont des anchois, sardines ou capelans qui nourrissent des poissons plus gros qu’eux (les maquereaux par exemple) qui sont eux-mêmes mangés par des thons mais aussi par des oiseaux, des otaries, des phoques, des requins, des baleines et des hommes. De par l’importance de ces espèces dans la chaine alimentaire, les professionnels qui les exploitent doivent s’engager à bien contrôler les stocks concernés sous peine de les voir s’effondrer, et leur activité en même temps. En gérant les stocks de poissons fourrages de façon durable, la pérennité de la ressource est garantie pour toute la pyramide alimentaire.

L’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) souligne le problème éthique que pose l’utilisation de poissons fourrage à des fins d’élevage. En effet, ces poissons pourraient être directement consommés par des populations n’ayant ni les ressources en protéines animale nécessaires, ni les moyens d’acheter des poissons carnivores issus de l’élevage.

C’est déjà le cas dans tous les élevages d’espèces carnivores où l’alimentation (distribuée sous forme de granulés), est composée au moins de 50% de végétaux (tourteaux de soja et autres protéines végétales, gluten de blé, pis protéagineux, gluten de maïs,…). Les recherches actuelles poussent même ce pourcentage jusqu’à 80% voire 85% dans certains cas. C’est un choix. Accepte-t-on que des espèces exclusivement carnivores dans la nature, deviennent partiellement ou totalement végétariennes ? C’est en partie au législateur de répondre. Mais il n’en reste pas moins indispensable de garder au poisson d’élevage, même partiellement, les qualités nutritionnelles du poisson sauvage. Il faut donc impérativement lui fournir des acides gras « polyinsaturés » connus sous le nom de « Oméga 3 » que l’on trouve principalement… dans les poissons sauvages. Les Oméga 3 sont aussi présents dans les algues, ce qui fait d’elles un composant prometteur pour l’élaboration de farines de substitution. De nombreuses études sont actuellement en cours.

Afin de fournir aux poissons carnivores les protéines nécessaires à leur développement, de nouvelles farines font l’objet de recherches : les farines d’insectes. Les insectes font partis du régime alimentaire naturel des poissons carnivores, en fonction des différentes espèces d’insectes, les propriétés nutritionnelles sont différentes, leur élevage est simple et rapide, c’est donc un substituant de choix. Quoi qu’il en soit, il faut garder à l’esprit que l’on sera toujours, à un moment donné ou à un autre, limité par la quantité que peut fournir la nature.

Oui et c’est pour cela que le raisonnement qui consiste à dire : « si les ressources de pêche s’effondrent, il y aura toujours l’aquaculture » est faux mais surtout dangereux. Et quand bien même ces ressources resteraient à leur niveau actuel, rien ne serait résolu. Nous pêchons environ 100 millions de tonnes par an dont 7 sont rejetées par-dessus bord et 90,9 ramenées à quai (source FAO 2016 et 2018). Un peu plus de 72 sont consommées directement par l’homme, et 21 millions de tonnes environ le sont indirectement en nourrissant des élevages de volailles, de porcs ou de poissons.

A partir de 2019, l’objectif zéro rejet pour la pêche professionnelle, mise en place par la Commission européenne obligera les pêcheurs à ramener à quai certains poissons qui étaient rejetés en mer (soit à cause d’une taille trop petite donc non réglementaire, soit par manque d’intérêt économique, ou encore parce-que les quotas sont déjà atteints, etc.). Le but de cette nouvelle réglementation est d’encourager les pêcheurs professionnels à améliorer la sélectivité des engins de pêche. Ces denrées étant réglementairement non-autorisées pour la consommation humaine directe, seront utilisées dans l’industrie cosmétique, dans la recherche mais surtout pour fabriquer de la farine animale, la nourriture destinée aux poissons d’élevage. Des projets comme le projet EODE mis en place par le Comité des pêches du Nord-Pas de Calais-Picardie, cherchent de nouvelles techniques de valorisation de ses captures non-désirées. Le but est d’innover afin de limiter l’impact financier de cette nouvelle réglementation pour les pêcheurs professionnels.

D’autres solutions sont envisagées afin de limiter l’impact de l’aquaculture sur les écosystèmes et d’augmenter la productivité de l’élevage : par exemple, l’aquaculture multi-trophique intégrée qui est un mode d’élevage pour lequel « les déchets d’une espèce sont la nourriture d’une autre » (Richard, 2009). Avec les ratios techniques actuels, ces chiffres permettent d’envisager une production mondiale située entre 10 et 20 millions de tonnes annuelles de poissons carnivores en aquaculture. Cela demandera cependant une gouvernance mondiale et un sens des responsabilités accrus de la part des Etats et des professionnels, pour leur propre survie économique. Le tryptique de la durabilité: environnement-économie-société est dans ce cas de figure plus que jamais d’actualité.

C’est exact mais dans le cas du thon rouge les conséquences de ce type d’élevage sont au moins aussi problématiques que celles engendrées par les autres espèces carnivores. Le thon grossit en cage pour en faire un poisson « hyper-gras » très prisé par le consommateur japonais. Pour l’engraisser, il est nourri massivement: jusqu’à 15 kg de poissons sauvages pour faire prendre 1 kg à un thon en cage ! Cela pose de nombreux problèmes mais le principal reste que des espèces comme les chinchards, les sardines, les anchois ou les maquereaux, consommées notamment par des pays à très faible pouvoir d’achat, ont vu leurs prix s’envoler. En engraissant le thon rouge pour un marché de luxe, de nombreuses populations sont privées d’une source essentielle de protéines voire vitale pour leur alimentation. Dans un monde qui comptera 9 milliards d’individus en 2050, est-ce encore possible ? Ceci est-il compatible avec le concept de pêche responsable des Nations Unies ?

Certains types d’élevages de poissons rejettent beaucoup de matière organique dans le milieu marin. Plus les poissons consomment et plus ils rejettent. C’est un problème non négligeable, notamment pour les élevages de thon dont certains projets n’ont pas vu le jour pour cause de pollution excessive du milieu marin.

En ce qui concerne la première question plusieurs tentatives, toutes plus séduisantes les unes que les autres ont été engagées. Impossible d’en mesurer le résultat, les jeunes larves ou alevins de poissons relargués dans la nature subissent le même sort que ceux nés naturellement, à savoir être consommés ou mourir naturellement dans 99% des cas. L’une des solutions la plus intéressante est celle du « sea ranching » qui permet de relâcher en mer de jeunes saumons qui, après un long périple en plein océan, reviennent dans leur rivière d’origine. Mais les jeunes saumons en question ne sont plus vraiment des alevins mais de jeunes poissons (smolts) qui coûtent très cher en protéines à ce stade. Le pourcentage de retour n’est à l’évidence pas suffisant pour garantir la rentabilité (ou la compétitivité) de ce type d’élevage par rapport à d’autres plus intensifs et plus maîtrisés sur l’ensemble du cycle.

D’autres démarches sont mises en place, tels que l’ensemencement de bivalves, il s’agit d’une technique permettant de grossir les stocks naturels de juvéniles. Les naissains naissent et grandissent au sein d’une écloserie pour être ensuite relâchés et stockés en mer. Deux exemples, l’un en Baie de Saint Brieuc avec la coquille Saint-Jacques, l’autre dans le bassin de Thau avec les palourdes, tous les deux à l’initiative des pêcheurs professionnels locaux.

Il est important de prendre en compte certains critères afin de faire un choix judicieux pour ne pas nuire aux ressources naturelles et à l’environnement. Mr.Goodfish vous aide en ce sens. Voici les critères de choix retenus par Mr.Goodfish pour les espèces d’élevage :

  1. L’alimentation des espèces d’aquaculture 

Les espèces doivent être nourries :

  • avec des composants issus de poissons d’origine sauvage optimisés pour le développement de chaque espèce.
  • avec des aliments durables : les aliments utilisés doivent provenir d’une source durable, c’est-à-dire fabriqués avec des espèces sauvages soumises à quotas ou certifiées durables (en proportion grandissante dans le cadre de l’amélioration des pratiques). D’autres sources d’ingrédients tels que les co-produits, les algues, les insectes et le lin sont encouragées.
  1. Les pratiques d’élevage

Les espèces choisies doivent être élevées dans des conditions optimales de bien-être animal et de santé publique :

  • L’utilisation d’antibiotiques doit se faire uniquement sur prescription vétérinaire et dans le respect de la réglementation européenne.
  • Mr.Goodfish a également déterminé un nombre de traitements maximal annuel et des conditions d’utilisation strictes.
  • Les espèces doivent être élevées dans le respect de leurs pratiques comportementales à l’état sauvage avec une densité adaptée pour chaque espèce.
  1. L’impact environnemental

Les espèces choisies doivent être élevées dans des conditions optimales de respect de l’environnement. L’équilibre dynamique entre la zone de production et son milieu doit être maintenu :

  • L’équilibre dynamique entre la zone de production et son milieu doit être maintenu.
  • Les espèces produites doivent être présentes naturellement dans le milieu lorsque la production se fait en milieu non clos.
  • Les espèces doivent être nourries avec une quantité de farine de poissons respectant un seuil de rendement fixé et optimisé par espèce, évitant le rejet de matière organique dans le milieu.
  • Le taux de particules fines présent dans l’aliment devra être inférieur à 1 %. La qualité du milieu ne doit pas être impactée par la présence d’une ferme aquacole.
  • L’utilisation de produits chimiques doit se faire uniquement sur prescription vétérinaire et dans le respect de la réglementation européenne. Mr.Goodfish a également déterminé un nombre maximal de traitements annuel.
  • Pour le nettoyage des installations, Mr.Goodfish privilégie l’utilisation de traitements mécaniques ou biologiques.

Les différents indicateurs et seuils sont disponibles par espèce sur le site internet www.mrgoodfish.com

LES ECOLABELS

De nombreux labels existent aujourd’hui sur le marché pour guider les consommateurs vers des produits d’élevage durable. Afin de rendre les critères de sélection de ces différents labels accessibles pour le grand public, le programme Mr.Goodfish a pris le parti de s’appuyer sur ces différents labels : Aquaculture Stewardship Council  (ASC), Global GAP, le label biologique européen, le label rouge, Best Aquaculture Practices (BAP), la charte qualité « Aquaculture de nos régions »…

Plusieurs « écolabels » existent :

– MSC: Marine Stewardship Council,

– L’écolabel français Pêche Durable

Friend of the Sea

– Artysanal…

Seuls certains d’entre eux sont conformes aux règles de pêche responsable édictées par la FAO. En l’absence d’autres recommandations, ces écolabels sont un moyen efficace de faire le bon choix.

LES ENGINS DE PÊCHE

Depuis des générations, l’homme a mis aux points différents engins de pêche qui lui permettent de prélever des produits de la mer soit sur le fond ou à proximité soit en pleine eau. Avec ces évolutions, la question a été vite posée afin de savoir « quelles est la nature et l’ampleur des impacts sur les organismes marins et leur environnement » de l’utilisation de ces techniques. Aujourd’hui, l’objectif pour les pêcheurs comme pour les scientifiques, est de limiter ces effets négatifs tout en prenant en compte l’état de la ressource.

On distingue deux grands types d’engins de pêche. Les engins dits « actifs », qui sont déplacés vers les espèces ciblées sur le fond ou dans la masse d’eau : tels que les chaluts, dragues et sennes.  Les engins dits « passifs » ou encore appelés « arts dormants », qui sont fixés de façon à piéger les organismes marins : tels que les filets, les lignes ou les casiers.

Les chaluts :

Le chalut est un grand filet en forme d’entonnoir trainé à l’arrière d’un ou de deux navires selon la pêcherie. Il est caractérisé par un maillage diminuant progressivement entre l’entrée de la poche et la fin du sac, appelée « cul de chalut ».  L’ouverture horizontale est assurée par deux panneaux divergents s’ouvrant grâce à la vitesse du bateau et à la pression de l’eau.

Selon le type d’espèce ciblé, les pêcheurs utilisent différents montages de chalut :

  • Le chalut de fond a pour objectif de pêcher les espèces vivant sur ou à proximité du fond, tels que : le merlan, le cabillaud, la lotte, la seiche, la langoustine…
  • Le chalut pélagique cible les espèces vivant dans la masse d’eau – entre la surface et le fond, de type : anchois, maquereau, sardine, hareng…
  • Le chalut à perche est utilisé principalement pour les espèces de poissons plats : sole, plie…

Ces différents chaluts permettent de pêcher une grande diversité d’espèces commercialisables situées dans l’ensemble de la masse d’eau, du fond à la surface.

Depuis plusieurs années, des efforts importants ont été entrepris pour diminuer l’impact environnemental de ces engins en améliorant la technique et en contrôlant l’effort de pêche. Les pêcheurs sont ainsi limités réglementairement sur : les zones et les périodes de pêche, la puissance du navire ou encore le maillage.

De nombreuses études ont été mises en place afin d’améliorer la sélectivité des chaluts (taille des mailles, grilles sélectives…) ce qui permet d’augmenter significativement l’échappement des organismes non ciblés par le pêcheur (espèces et/ou tailles). C’est le cas de la pêcherie française de langoustine du Golfe de Gascogne par exemple.

Pour le chalut de fond, la technique et le montage des engins ont évolué de façon à limiter au mieux son impact sur les sols marins : rondelles de caoutchouc à l’entrée qui roulent sur le fond, évolution de la forme des panneaux…

Cas particulier de la pêche au chalutage sur les grands fonds :

Depuis les années 2000, différentes associations ont monté une campagne de lobbying contre la pêche au chalutage sur les grands fonds. En 2016, elle a abouti à l’interdiction par l’Union Européenne, de la pêche à plus de 800 mètres de profondeur dans les eaux européennes. Sur les zones dites à « environnements marins vulnérables », la profondeur est limitée à 400 mètres. Pour toutes ces étendues, les pêcheurs doivent justifier leurs exploitations entre 2009 et 2011.

Jusqu’alors, cette technique se déroulait à des profondeurs allant jusqu’à 1000 mètres et plus. A cette profondeur, les écosystèmes sont très différents, ils sont basés sur des espèces à cycle lent et à maturité sexuelle tardive tel que l’empereur par exemple. Les espèces vivant dans les eaux profondes sont très difficiles à étudier, il existe peu ou pas de suivi scientifique précis. Ces particularités ainsi que la destruction des coraux profonds due aux engins de pêche, ont été autant d’arguments avancés pour adapter la réglementation européenne. Les destructions observées dans le passé, et notamment au début de la pêcherie profonde, sont aujourd’hui réduites par la mise en place de zones fermées et la très forte réduction de l’effort international. La diminution des espaces affectées par la pêche a permis de limiter l’empreinte spatiale du chalutage de grands fonds. De plus, les quotas alloués sont facilement capturés sur les lieux de pêche régulièrement fréquentés.

Cette situation limite les activités de pêche au chalut aux seules zones sédimentaires moins sensibles aux impacts.

Mr.Goodfish affiche dans ses recommandations des poissons dits de grand fond comme la lingue bleue ou la lingue franche par exemple. Plusieurs éléments ont permis de prendre une telle position. Les espèces de grand fond qui apparaissent sur les listes de recommandations font l’objet d’un suivi scientifique rigoureux, les données actuelles nous montrent une stabilité de la dynamique des populations, elles sont exploitées à leur rendement maximum durable. Le plan de gestion mis en place pour ces espèces nous permet de prélever ce que la nature nous apporte sans nuire à la ressource, c’est l’équilibre parfait ! Une autre raison pour laquelle Mr.Goodfish recommande quelques-unes de ces espèces de grand fond est que les substrats des zones recommandées sont de type sablo-vaseux et qu’aucun corail n’est présent.

Les dragues :

Basées sur le même principe que les chaluts de fond, la drague est un engin de pêche, type « panier/rateau », tracté par le bateau. Constituée d’une armature rigide recouverte de métal ou de filet, elle est essentiellement utilisée pour les coquillages. A l’entrée, sur la partie inférieure se trouvent des lames ou des dents métalliques qui permettent de gratter les premières couches du sol marin. L’objectif de la drague est de récolter les coquillages enfouis dans le sable ou la vase, tels que : coques, coquilles Saint-Jacques, palourdes…

Cet engin est considéré comme sélectif. En effet, les mailles de métal ou de filet ont des dimensions adaptées afin de permettre l’échappement des petits individus. Tout comme la pêche au chalut, cette flottille est réglementée sur l’effort de pêche. Par exemple, la pêche à la drague de la coquille Saint-Jacques en Manche est limitée sur le nombre de bateaux autorisés, la zone de pêche et le nombre de jours.

L’inconvénient majeur de la drague est son impact sur le sol et les habitats marins. Les études sur cet engin tournent essentiellement sur la technique afin de limiter la pression sur le fond.

Les filets tournants :

Le principe de ces engins est d’abord d’entourer le banc de poisson d’un filet avant d’en rapprocher les deux pans vers le navire (senne tournante) et en fermant le fond du filet en même temps (senne tournante coulissante – Bolinche ou Lamparo). Elles sont utilisées pour capturer des espèces pélagiques de type : thons, sardine, anchois…

La sélectivité des filets ou sennes tournantes se base sur le comportement grégaire de poissons homogènes en taille. Les pêcheurs ciblent grâce à des sonars, le banc d’une espèce et d’un calibre en particulier, ce qui permet d’avoir peu de petits individus capturés. Le poisson vivant étant ramené rapidement à bord du navire, ce type de pêcherie permet d’avoir des produits de très bonne qualité.

Cette technique de pêche engendre parfois la prise accessoire de petits cétacés. Les techniques évoluant, ces prises accessoires sont de plus en plus relâchées rapidement et donc vivantes.

 La senne danoise et hollandaise :

Depuis quelques années, de plus en plus de navires français en Manche – Mer du Nord, s’adaptent pour utiliser cette technique. Mélange de chalut de fond et de senne tournante, il s’agit d’un filet en forme d’entonnoir associé à deux longs câbles qui permettent le rabattage du poisson. Elle est utilisée pour pêcher les espèces de fond tout comme le chalut. Son intérêt principal est sa possibilité d’avoir du poisson de meilleures qualités et une économie d’énergie. En effet, la remontée de la senne se fait soit avec un bateau à l’arrêt grâce aux treuils : senne danoise, soit à vitesse réduite par rapport aux chalutiers classiques : senne écossaise.

Le chalut à perche électrique :  

En 2013, la Commission européenne a autorisé les Etats membres à équiper 5% de leur flotte de chaluts à perche avec des électrodes (article 31bis du règlement CE n°850/98). L’idée est de faire passer un courant dans la perche afin d’envoyer des impulsions électriques dans le sédiment. Elles vont alors servir d’appât pour attirer les poissons avant de les étourdir.

Les premières licences ont, dans un premier temps, été mises en place à titre expérimental pour obtenir des données sur l’impact de cette technique (sélectivité, capture…). Au fil des années, le nombre de bateaux utilisant le chalut électrique a continué d’augmenter grâce à l’obtention de dérogations. Aujourd’hui, cette technique est principalement utilisée par les pêcheurs professionnels aux Pays-Bas en Mer du Nord.

Mr.Goodfish a choisi de se positionner en demandant aux députés européens de voter pour l’interdiction totale de cette technique de pêche. Des études scientifiques plus poussées de l’impact de ces chaluts sur les substrats ainsi que sur les espèces ciblées et non ciblés par cette pratique sont nécessaires. Le but étant d’agir dans l’intérêt de l’équilibre des écosystèmes.

Les filets :

Les filets sont constitués d’une ou plusieurs nappes rectangulaires tendues verticalement dans la colonne d’eau. Qu’ils soient fixés ou dérivants, les filets maillants (1) ou les filets trémails (2) , constituent un obstacle qui piège le poisson au moment de son passage. Pour ceux fixés, ils le sont grâce à des flotteurs sur la partie supérieure et un lestage sur la partie inférieure.

(1) Les filets maillants sont constitués d’une ou plusieurs nappes rectangulaires de filet, déployées verticalement dans l’eau. Des flotteurs sont fixés dans la partie supérieure et du lest dans leur partie inférieure, ce qui maintient les filets à la verticale. (www.ifremer.fr)Ces filets peuvent être calés sur le fond ou au contraire suspendus depuis la surface en pleine eau. Ils sont alors dérivants. Les filets maillants dérivants sont interdits dans l’Union Européenne depuis 2002.

(2) Le filet trémail est constitué de trois nappes de filet : deux nappes externes (aumées) à grand maillage, et une nappe interne (flue), à petit maillage montée avec beaucoup de flou. Les poissons ou crustacés s’emmêlent dans la nappe interne à petites mailles, après avoir traversé une des deux nappes externes. (www.ifremer.fr)

La taille des mailles est réglementée et permet ainsi de sélectionner ainsi les plus gros individus, laissant les plus petits s’échapper.

La sélectivité des filets repose à la fois sur le comportement de l’espèce ciblée et sur la connaissance du milieu par les pêcheurs. Un filet bien posé, au bon endroit, au bon moment peut être très sélectif.  A l’inverse, un filet peut s’avérer un piège inutile et dommageable pour l’écosystème s’il est mal utilisé, pêchant aussi bien des crustacés des poissons, des tortues ou des cétacés.

Par exemple, il arrive que les filets soient perdus et deviennent des filets « fantômes ». Selon la profondeur à laquelle ils étaient immergés, ils peuvent soit s’emmêler dans les courants (faible profondeur) soit continuer à pêcher pendant plusieurs mois (grande profondeur).

Les lignes – Palangre ou pêche à la canne.

Ces techniques ont pour objectif d’attirer un poisson sur un hameçon grâce à l’utilisation d’un appât vivant ou artificiel. Il existe différents montages :

  • la ligne de traîne (remorquée au bout d’une canne ou à l’arrière du navire),
  • la ligne à main (remorquée à la main),
  • la palangre (ligne avec de nombreux hameçons pouvant être fixe ou dérivante),
  • la canne.

Les lignes et la canne sont utilisées pour cibler les espèces vivant principalement en pleine eau comme le thon, le merlu, le lieu, le maquereau… La palangre peut être fixée sur le fond pour pêcher par exemple raies, congre, lingue… ou en surface  pour le bar, le thon et l’espadon.

Les produits pêchés sont en général, ramenés vivants à bord ce qui permet d’avoir des poissons de grande qualité.

En termes de sélectivité, l’utilisation d’appâts et d’hameçons appropriés permet de capturer les espèces ciblées et à la taille désirée. Cependant dans certaines situations, les palangres dérivantes sont propices à la capture accidentelle d’autres espèces non souhaitées, de mammifères marins ou encore d’oiseaux marins (cas de la pêche à la Légine en antarctique par ex.). Aujourd’hui, de nombreuses solutions sont étudiées pour limiter ces accidents : dispositifs pour effrayer les oiseaux, marsouins…

Les nasses ou les casiers :

Le casier ou la nasse a pour espèces cibles les crustacés (araignée, homard, tourteau…), les mollusques de type bulot et les céphalopodes (poulpes, seiches). Le principe est d’attirer l’animal en utilisant un appât placé à l’intérieur d’un piège en armatures rigides recouvert de grillages ou de filets. Il passera par une entrée de type « goulotte » qui sera très difficile à utiliser pour sortir. La taille et la forme des casiers peuvent être très différentes selon les espèces ciblées.

L’appât utilisé varie selon l’espèce ciblée. Chez les pêcheurs professionnels, le casier est rarement posé seul, en général il s’agit de plusieurs dizaines d’engins reliés entre eux, appelés « filière ».

Posés sur le fond par des caseyeurs, ils sont en général peu impactant et permettent même de sélectionner, au moment de la remontée à bord, les individus commercialement les plus intéressants et de relâcher les autres vivants.

Pour tous les engins passifs, il y a peu ou pas d’impact sur le fond marins. Cependant la perte ou l’abandon en mer de filets, de lignes ou de casiers peut entraîner des conséquences non négligeables sur le milieu marin. En effet, ces engins « fantômes »  vont continuer à pêcher et constituer une menace à moyen et long terme.

Aujourd’hui, la pêche ne se réduit plus « à pêcher plus pour vendre plus ». La fluctuation des stocks de poissons et du prix du gasoil impactent fortement la stabilité des entreprises de pêche. De nombreuses crises durant ces dernières années montrent l’importance de faire évoluer les mentalités. Un patron de pêche doit maintenant prendre en compte les différents aspects du développement durable : l’écologie, l’économie et le social.

Selon la technique de pêche utilisée, la consommation d’énergie du bateau peut considérablement varier. Le prix du baril de pétrole et l’instauration de taxe « carbone » sont une donnée essentielle dans la rentabilité du navire. Aujourd’hui, l’équation entre valeur/volume pêché et distance zone de pêche/port de départ sont des paramètres directement pris en compte par le patron de pêche avant de quitter le quai. Pour être moins dépendant du prix du pétrole, les nouveaux navires construits envisagent des alternatives : motorisation diesel/électrique, techniques de pêche moins consommatrices (sennes danoises…), hydrodynamisme de la coque…

En termes d’économie, aujourd’hui, l’objectif n’est plus de « pêcher plus » mais de « pêcher mieux ». La qualité et la valorisation des produits de la mer sont deux critères devenus essentiels pour la filière. Depuis quelques années, la sélectivité des engins de pêche est l’un des sujets phares dans le domaine de la recherche. Différentes techniques sont considérées : maillages, trappes d’échappement, nouveaux montages, sonars plus performants… L’objectif étant de cibler plus précisément les espèces et la taille des individus.

Pour la qualité du produit, les pêcheurs sont de plus en plus formés aux critères de conservations : manipulation, mise en caisse, glaçage… Les nouveaux bateaux prennent en compte ces étapes afin d’améliorer la valeur des produits de la mer. La récupération des poissons est optimisée afin qu’ils soient le plus rapidement mis en caisse dans une zone réfrigérée. La cale est maximisée afin de conserver au mieux les produits qui peuvent selon les pêcheries rester entre un et plusieurs jours à bord. Les techniques évoluent : glace liquide au lieu de glace paillette pour envelopper le poisson, froid homogène entre 0 et 2°C… L’objectif économique reste le même : pouvoir vendre les produits de meilleurs qualités, quelques centimes de plus en criée.

Pour le volet social, il s’agit d’adapter les navires pour améliorer les conditions de vie à bord aussi bien dans la zone « engins de pêche/tri/cale » que dans la partie « couchette/cuisine/salle à manger ». La sécurité du personnel et l’ergonomie du navire sont devenues deux paramètres essentiels dans la construction d’un navire.

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