La Mer Méditerranée est considérée par les scientifiques comme intracontinentale, c’est-à-dire une mer à l’intérieur des terres, avec une ouverture naturelle vers l’Océan Atlantique par le détroit de Gibraltar. Elle regroupe à la fois une géologie marine complexe, une diversité d’espèces ainsi qu’une histoire maritime riche. En France, tous ces éléments ont des conséquences sur la gestion de la pêche professionnelle sur ce littoral.

Les côtes méditerranéennes françaises couvrent plus de 900km de l’Espagne à l’Italie. Depuis toujours, l’histoire maritime de ces régions est un élément essentiel pour le développement de ces littoraux. La pêche, les conquêtes, le commerce, etc., sont autant d’activités qui ont façonné ces territoires au fil du temps. Ces dernières années, le tourisme associé à la pêche de plaisance est devenu un élément incontournable à la croissance économique de la Mer Méditerranée.

Aujourd’hui, dans cette région, la pêche professionnelle est représentée par plusieurs flottilles qui peuvent être distinguées en fonction de la taille des navires et de la technique utilisée :

  • Thoniers senneurs : navires de 25 à plus de 40 mètres de long ciblant principalement le thon rouge
  • Chalutiers : navires de 18 à 25 mètres utilisant un chalut de fond ou pélagique en fonction des espèces ciblées
  • Petits métiers : unités de moins de 18 m utilisant des techniques variables en fonction de la saison, des espèces ciblées : filets, casiers, pots, palangres, etc.

En France : Quelques chiffres sur la pêche professionnelle en Méditerranée :

  • 1340 navires de pêche professionnelle inscrits au FPC – Flotte de Pêche Communautaire
  • Plus de 2000 emplois de marins pêcheurs embarqués sur les navires français en 2017
  • 4 criées : Port-la-Nouvelle, Sète, Agde et Le Grau-du-roi (France AGRIMER 2020):
    – Valeur des ventes (milliers d’euros) : 36 317
    – Quantités vendues (tonnes) : 7 641

Pour les mareyeurs et les restaurateurs, la Méditerranée est connue pour sa grande diversité d’espèces avec des poissons blancs, des poissons bleus, des céphalopodes, des crustacés et des coquillages. Avec plus de 270 espèces débarquées, il a été choisi en 2019 de mettre en place un plan de gestion pluriannuel sur 5 ans, en effet aujourd’hui seulement six espèces font l’objet d’un suivi attentif : le merlu européen, le rouget de vase, la crevette rouge, la crevette rose du large, le gambon rouge, la langoustine.

Le saviez-vous : la gestion des pêches en mer Méditerranée ?

Avec un littoral comptant plus de 20 pays transfrontaliers, il a été nécessaire de mettre en place une réglementation à plusieurs niveaux : international, européen, national, régional et local.

Au niveau international, différentes structures peuvent intervenir. La commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) est une organisation qui rassemble 23 pays membres et se consacre à la gestion des ressources halieutiques des eaux de la mer Méditerranée. Autre exemple : l’ICCAT – la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, cette organisation intergouvernementale a pour objectif de mettre en place une pêche responsable pour les thonidés et les espèces apparentées de l’océan Atlantique et de ses mers adjacentes.

La commission européenne est chargée de l’élaboration et de la mise en œuvre de la Politique Commune de la Pêche (PCP) dans les eaux européennes (dont la Méditerranée). Depuis 2019, un plan pluriannuel pour les pêcheries exploitant des stocks démersaux en Méditerranée occidentale a été mis en place. L’objectif de cet accord est la conservation et l’exploitation durable, en vue d’atteindre le rendement maximal durable[1] au plus tard le 1er janvier 2025. Différentes mesures de gestion ont été complétées ou mises en place telles que : réduction du nombre de journées de pêche, réduction de l’effort de pêche, etc.

En France, le Comité National des Pêches Maritimes et des Elevages Marins est un organisme qui participe à la gestion des ressources halieutiques en assurant la défense des pêcheurs professionnels auprès des différentes structures nationales et européennes. Le CNPMEM ou les CRPMEM, qui sont des antennes régionales, travaillent conjointement avec la profession pour une pêche responsable. Ils participent à la mise en place de mesures de gestion au niveau national mais peuvent encourager les pêcheurs professionnels à mettre en place des réglementations régionales.

Localement, il existe des structures spécifiques à la Mer Méditerranée : les Prud’homies. Dans l’histoire, ces institutions sont mises en avant dès le XVème siècle, au fur et à mesure leurs prérogatives ont évolué. Aujourd’hui, les prud’homies sont réparties tout le long du littoral de Port-Vendres à Menton, Corse incluse. Elles ont pour but de participer à la gestion des ressources d’une zone tout en participant à la pérennité de l’activité. Elles ont un pouvoir réglementaire et disciplinaire pour discuter des conflits et garder une unité dans la région.

La mer Méditerranée est une région complexe qui a un littoral riche au niveau environnemental, social et économique. Ces éléments se ressentent dans l’organisation de la pêche professionnelle avec :

  • Des espèces variées
  • Une cohabitation avec de nombreuses activités économiques
  • Des flottilles allant d’une petite pêche à des navires de 40 mètres
  • Une gestion des pêches sur plusieurs niveaux

Toutes ces spécificités font de la Mer Méditerranée un lieu unique, pleine de ressources qu’il est important de protéger.

[1] 1 Le rendement maximal durable (RMD) [en anglais : Maximum Sustainable Yield (MSY)] est la plus grande quantité de captures que l’on peut extraire d’un stock halieutique à long terme et en moyenne, dans les conditions environnementales existantes (moyennes), sans affecter significativement le processus de reproduction [définition FAO].