Aujourd’hui nous vous donnons un aperçu d’une journée à bord d’un fileyeur de Boulogne-sur-Mer !

  Le jour n’est pas encore levé que le port commence déjà à s’animer. Il est en général autour de 2-3 heures du matin quand les équipages des fileyeurs arrivent sur les quais. En moyenne, ils sont entre 3 à 4 marins sur des navires de 12 à 16 mètres. Première étape, mettre en route le bateau : au fur et à mesure les lumières s’allument, les moteurs ronronnent et les amarres se détachent. L’équipage commence à faire « route pêche » pour retrouver la zone de pêche. Les matelots profitent de cette période plus ou moins longue pour se reposer. Dans le même temps, en passerelle, la VHF est allumée et les discussions entre le patron et les autres bateaux s’enchaînent, les sujets évoqués : les différentes zones de pêches, les prix de vente ou encore tout simplement le match de foot d’hier. La durée du trajet varie en fonction de la technique utilisée, la saison, la météo et/ou de l’espèce ciblée.

Une fois la zone atteinte, il faut retrouver les filets posés la veille. La durée d’immersion ainsi que le type de filets utilisés dépendent des espèces ciblées, si elles sont plus ou moins fragiles. Ici, il s’agit principalement de poissons plats (sole, plie, etc.). Il existe plusieurs types de filets : droit, dérivant ou trémail. A Boulogne-sur-Mer, on utilise principalement ce dernier d’où l’appellation « trémailleurs » pour ces bateaux. Le trémail est composé de trois nappes de filet avec des maillages différents, les deux à l’extérieur avec des grandes mailles et une à l’intérieur à petites mailles. Les poissons s’emmêlent dans ces différentes nappes.

Chaque marin a sa place dans le bateau, un s’occupe de remonter le filet à l’aide du « vire filet », un autre démêle les poissons pris au piège et un autre se charge de la « paumailleuse » qui est la machine qui sert à enrouler le filet pour le ranger. Selon la quantité de poissons maillés, l’opération de remontée peut être assez longue, jusqu’à plusieurs heures. En général, l’équipage commence de nuit, pour terminer quand le soleil est déjà haut. Les durées d’immersion étant la plupart du temps assez courtes, le poisson est qualitativement très intéressant. Une fois le poisson mis en caisse, il faut choisir sa nouvelle zone de pêche et remettre le trémail à l’eau. Un exercice rapide qui demande de la concentration pour l’équipage et le patron.

Quand les filets sont à l’eau, le bateau fait « route port » pour aller débarquer la pêche. Selon la durée de la remontée des filets et du lieu de pêche, ils sont de retour au port entre 11h et 17h. Les prises du jour sont débarquées sur les quais. A Boulogne-sur-Mer, certains fileyeurs possèdent une « aubette », une poissonnerie sur le port pour vendre en direct une partie de sa capture. Le reste est transféré dans les frigos de la criée pour être vendu la nuit suivante.

Une fois à terre, le patron du fileyeur a fini sa journée de pêcheur mais il commence sa deuxième vie : administratif, comptabilité, vente, etc. Aujourd’hui, être marin, c’est être multi-tâches.

Ce type de bateau sort tous les jours du lundi au vendredi mais de par leur taille, ils sont très dépendants de la zone côtière (12 miles) et de la météo. Aujourd’hui, de plus en plus de ces navires cherchent à diversifier leur activité. Ils souhaitent être moins dépendants des poissons plats pour lesquels l’état des stocks en Manche et Mer du Nord n’est pas toujours bon. Certains d’entre eux se sont adaptés en allant sur une nouvelle technique : le casier, affaire à suivre…